Hommage à Édith Piaf

“À son entrée en scène regardez cette étonnante petite personne, son front ressemblant à Bonaparte, ses yeux comme ceux d’une aveugle s’efforçant à voir. Puis après un moment d’hésitation, une voix qui se lève de son plus profond intérieur, une voix qui l’habite de la tête aux pieds, se déroulant comme une vague de velours noir pour nous submerger” (Jean Cocteau)

À peine un mètre quarante de taille, figure frêle se découpant sur ce grand podium… Mais quelle présence, quelle force d’expression! Enchantant son public de salle en salle, icône de la France et de la chanson française. Édith Piaf mérite l’épithète “légendaire”, ne serait-ce que par les mythes qui l’entourent, parfois créés par elle-même, sinon entretenus à dessein. Comme si sa vie à elle seule n’était pas déjà suffisemment mouvementée. Un roman doux-amer, brillant parfois, mais plus souvent poignant.

Fille d’une chanteuse de rue et d’un acrobate de cirque ambulant, Édith Giovanna Gassion est née en décembre 1915 dans le pauvre quartier parisien de Belleville. Grandie sans sa maman, qui l’avait abandonnée, et bientôt aussi sans son papa, Édith affrontait la vie toute seule. Une jeunesse précaire jusqu’àu jour où – à dix-neuf ans – elle fut littéralement cueillie de la rue par un patron de cabaret, envoûté par sa voix éblouissante et puissante. Ce Louis Leplée lui donna son premier vrai podium, ainsi que le nom d’artiste avec lequel elle ne tarda pas à conquérir Paris, la France et ensuite le monde entier.

Édith Piaf a été d’une importance inestimable pour la chanson française, ne serait-ce que par la moisson de jeunes talents qu’elle découvrait et encourageait, à qui elle  apprenait les secrets du métier. Des futures vedettes telles que Yves Montand, Leo Ferré, Charles Aznavour, Gilbert Bécaud et Georges Moustaki. Mais le plus grand heritage qu’elle nous laisse, ce sont ses chansons inoubliables et la passion avec laquelle elle les interprétait. Une passion provenant de sa vie mouvementée; la douleur d’avoir grandi en insécurité, sans affection, sans foyer; la soif ardente d’être aimée et reconnue, par la longue file de ses amants d’abord, puis surtout par son public. Une soif insatiable qui la dévorait et qui – en 1963 à quarante-sept ans seulement – l’emporta pour de bon…